Dimanche 3 mars : ICHT - KSAR TIFNIDILT - 297 km
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maison d'Abdellah |
Ce matin, Annick n'est pas bien et fait la grasse-matinée. Moi, après la promenade matinale de Fidji, J'ai rendez-vous avec Abdellah, pour la visite de
Icht. C'était un village fortifié, les ruelles sont toutes couvertes pour maintenir la fraîcheur. Il n'y a plus que 2 ou 3 maisons habitées. Abdellah me fait visiter la maison de son grand-père : il avait 2 femmes, donc la maison a 2 étages. Le rez-de-chaussée pour les animaux, le 1er étage pour sa 1ère femme, le 2ème étage pour sa 2ème femme et la terrasse avec la cuisine pour tous.
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canaux d'irrigation
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De là, on domine la palmeraie et le village, malheureusement très en ruines. J'éprouve toujours une certaine tristesse devant ces maisons éventrées qui livrent leurs secrets. J'y imagine la vie qu'il y avait dans ces pièces mises à nue... Quel malheur que ce patrimoine fonde un peu plus à chaque pluie !
Abdellah m'emmène ensuite dans la palmeraie et son système d'irrigation : chaque famille paie un droit d'arrosage, l'unité est le "tanast" et vaut 12 minutes. Ce droit est héréditaire. Je trouve injuste que les plus pauvres, qui ont le plus besoin de pouvoir cultiver leur petit lopin de terre pour se nourrir, soient les plus lésés...
Sur le retour, arrêt à des grottes souterraines, résultant de la terre prise par les familles pour la construction des maisons (terre blanche qui permet un enduit imperméable, genre Tadelakt).
Retour à l'auberge Borg Biramane, et départ par la P1801 en direction d'Assa. C'est une très belle route où tous les passages de gué sont neufs, mais qui se déroule au milieu d'un paysage très inhospitalier. D'ailleurs en 1 h et 80 km, nous ne voyons que 2 voitures ! C'est un désert comme je n'ai jamais vu : les acacias sont rares et desséchés, il n'y a aucune vie, pas un troupeau, pas une habitation, aucun relais téléphonique, RIEN. C'est d'une très grande austérité.
A 12 h , traversée d'
Assa, ville seule au milieu de ce désert. Nous nous engageons sur la route R 103, pour remonter vers Guelmime et TanTan : contrôle de police permanent, plus de 20 minutes ! D'après les gendarmes, la suite de la P 1801 qui était une piste, est maintenant goudronnée jusqu'à Tiglite, c'est à dire sur les 3/4 de l'itinéraire que nous voulons faire. Nous faisons donc demi-tour et nous y engageons. La première partie se passe bien, le paysage est toujours aussi désert, une seule voiture en 1 heure ! Après
Aouinet-Torkoz, le goudron continue encore, mais pas jusqu'à
Tiglite.
Nous sommes sur piste.Le paysage est vallonné et très caillouteux, entrecoupé de failles dues à l'érosion. la piste n'est pas indiquée et il y a de nombreuses bifurcations. Dans les villages sans nom, les rares personnes visibles ne savent pas nous renseigner (s'aventurent quelques fois hors de chez eux...?). Au gré du GPS, de la boussole, de la carte et de ce que nous voyons, nous montons, nous descendons, nous contournons des monts. Jean-Paul conduit très bien et son 4x4 lui obéit parfaitement, mais... nous sommes quand même perdus ! A force de persévérance (il en faut ici !) et en alliant nos regards et nos avis, nous arrivons enfin sur la N1, 26 km avant Tan Tan, exactement où nous voulions déboucher ! il est 18 h 30 !
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Ksar Tafnidilt |
Route vers Tan Tan et à 4 km, piste à droite vers le
Ksar Tafnidilt ( 06 63 23 31 15 -
www. tafnidilt.net) où nous voulons passer la nuit. Encore plus de 6 km, dans le noir, à se demander si nous arriverons quelque part... Enfin, nous y voilà, mais l'établissement est complet : un raid d'une vingtaine de quads vient d'arriver ! Il reste le camping (40 dh par personne). Nous sommes crevés, il fait noir, Annick est toujours mal. Nous montons une tente pour nous deux, Jean-Paul dormira dans la voiture. Annick se couche, je fais une soupe en sachet que Jean-Paul et moi mangeons à la lueur de nos lampes-frontales. Il fait très doux, le ciel est clair, les étoiles brillent, mais....
Coucher à 9 h 30 et réveil à minuit par une violente tempête. Le vent souffle rageusement et bat de toute force la tente. Avec nos duvets, Annick et moi partons nous réfugier dans un salon avec 2 divans que j'avais repéré en promenant Fidji. Jean-Paul reste dans la voiture et Fidji y reste attachée. Toute la nuit, il pleut des cordes, mais Annick et moi dormons bien.