dimanche 11 novembre 2012

Samedi 3 novembre
Tadouarte - Mirleft
54 km




C'est aujourd'hui le Jour J de mon grand départ !

Ce matin, Tiznit :
  • pressing
  • tanneur de peaux où j'apporte les peaux de mouton de  l'Aïd d'Hassan : 2 sur 5 sont pourries, il fera les 3 correctes pour 230 dh.
  • Petite bouteille de gaz  + brûleur
  • visite à Gilbert dans son Riad Janoub. Sa femme est en France cette semaine. C'est toujours aussi beau, il a des clients, nous parlons un peu, je reviendrai les voir en décembre.

Repas à la maison au bord de ma piscine dans laquelle je me baigne plusieurs fois en faisant mes préparatifs.
Plusieurs aller-retour au camion pour charger calmement à ma façon.
Fermeture de la maison (gaz, portes...) Hassan ne rentrera, je crois que lundi, je lui ai préparé une liste de choses à faire en mon absence !...

17 h, Grand Départ.
Plein de gasoil (50 l) 415 dh.
Kilométrage du camion : 157 809, soit 3759 depuis Cysoing.
J'ai fait environ 480 km dans ma semaine de Tadouarte.
Je remets le compteur à zéro pour mon voyage vers Dakhla.

J'emprunte la route intérieure vers Mirleft, celle qui passe par Arbaa Sahe, les paysages que je connais bien, sont de toute beauté dans le soleil couchant. Les collines, d'habitude de terre rouge, sont toutes vertes, les arganiers sont vert foncé : quel renouveau de la nature quand la pluie vient apporter la vie !


J'arrive chez Abd Saadallah qui m'attend depuis mon coup de téléphone à Asilah sous la pluie ! Ici, il fait magnifique. Il a des locataires dans les 2 étages inférieures de la maison, nous sommes donc en haut. Il me donne sa chambre, s'installe dans le salon, nous laissons passer le temps sur la terrasse accompagnés par la mélodie de l'océan. Le ciel est clair, les étoiles brillent, la lune va bientôt apparaître. Un premier voisin arrive, puis un autre avec sa femme. Je leur sers mon Muscat rapporté de France, l'un va chercher son Whisky, les conversations se bousculent pendant que le mouton cuit dans le couscoussier. Ils boivent beaucoup et se passe leur « joint ». Nous mangeons très tard, comme toujours (!), puis je quitte ce petit monde pour aller m'écrouler dans mon lit.

                                            (la maison blanche et bleue est celle d'Abd)
Dimanche 4 novembre
Mirleft - Sidi Ifni
33 km

Promenade matinale sur la plage avec Fidji. La mer est basse, la plage est très agréable, déjà une famille de vacanciers marocains arrive aussi. Une européenne fait du yoga. Je me baigne.



Chez Abd je prends une bonne douche, sa bonne est arrivée et nous prépare un excellent petit-déjeuner copieux : pain et galettes, amlou, huile d'argan et d'olives, slilou (mélange de farine, graine de sésame grillé…)(www.cuisineaumaroc.com/modules/recette/article.php? )



Un couple de belges arrive. Ils ont eu l'adresse d'Abd par des amis belges qui sont venus séjourner en location chez lui cet été.
Conversations, ordinateur, méditation devant l'océan, attente de la cuisson du tajine du midi, puis attente du thé et de ses gâteries de l'après-midi, le temps s'écoule paisiblement face à la mer.



Je reprends la route vers 17 h pour Sidi Ifni où m'attendent Danielle et sa compagne de voyage, Annick qui ont loué ensemble une petite maison pour 2 mois.
Je peux me garer juste devant chez elle, c'est super. J'installe Fidji sur la terrasse. Nous partons nous promener dans la ville qui vit au rythme espagnol : bar, musique, badauds sur la promenade du bord de mer, nous sommes ici dans une « station vivante ».
Nous mangeons à la maison le repas préparé par Danielle, puis, dodo : je dors sur une banquette du salon, à la marocaine !

Lundi 5 novembre
Sidi Ifni - Legzéra
33 km

Je voulais faire de Sidi Ifni à Legzéra à pied, comme je l'ai déjà fait une fois, pour passer sous les arches « 4 » et « 5 », mais n'étant pas sûres des heures de marées, nous commençons par faire le plus classique : départ de Legzéra. En camion donc !

Grande promenade sur la plage : arche « 1 », arche « 2 », et la 3ème n'est pas franchissable, la marée n'étant pas encore assez descendue.
Long bain de mer, pot à une terrasse, puis retour à Ifni pour déposer Danielle.



Je pose la camionnette à l'extrémité nord d'Ifni, devant une grande école primaire fermée : c'est aujourd'hui jour férié, car anniversaire de la Marche Verte. D'ailleurs tous les drapeaux sont de sortie. Le directeur d'école nous salue et nous rassure sur notre stationnement.
Nous voici donc parties vers le Nord par la falaise.

Descente sur la plage au niveau de la 5ème arche, marche, pique-nique, remontée plus loin car la mer lèche la falaise, redescente plus loin, enfin la 4ème arche.


 De là nous apercevons la 1ère et le 2 ème de Legzéra,.mais la marée ne nous permet pas d'y aller et de plus, nous commençons à fatiguer et il faut rentrer !
Nouveau bain, il fait chaud, la mer est excellente.
De retour à la maison, après une bonne douche, nous partons nous promener sur la Promenade du bord de mer et je me connecte dans un café avec mon verre d'avocat.

Voici encore une belle journée qui se termine autour d'une « ratatouille marocaine ».


Mardi 6 novembre
Sidi Ifni - Guelmime
137 km

Ce matin, Annick et moi nous préparons pour le départ. Danielle devait venir avec nous pour l'étape de Guelmime, mais elle a changé d'avis et préfère rester.

11 h 30, départ.
Après 50 km, avant l'entrée dans Guelmime, on tourne à Gauche, vers Abahino qui est à 11 km. Il y a là des sources thermales avec deux piscines d'eau chaude, l'une pour les femmes, l'autre pour les hommes. C'est ouvert de 7 h 30 à 19 h pour 10 dh l'entrée, ou après 20 h 30 sur réservation, en privé et mixte pour 100 dh. Nous décidons d'y aller ce soir après nos excursions.

Nous continuons par la même route après les bains et arrivons à l'entrée de Guelmime par la N1 de Tiznit en 17 km. Repas tajine de chameau. Je téléphone à Hamed DABAH (06 77 70 84 18) qui à la Maison d'Hôtes Hassani dans la palmeraie où j'étais allée avec Claude Maynard en 2008 et Francis en 2009. Je lui demande de nous guider. Je veux revoir et montrer à Annick les cascades de Fask et les sources de la palmeraie.
Pour Fask, nous prenons la N12 jaune vers Assa.
Après 24 km, juste avant l'entrée de Fask, on prend une petite route à gauche. Dans le village, devant la belle mosquée, on prend la piste à Gauche sur 6 km, on longe la canalisation d'eau sur notre gauche. Nous sommes en plein désert de cailloux, je retrouve l'arganier isolé qui m'avait bien surpris il y a 4 ans, nous nous garons et descendons à pied dans les gorges où coule une eau douce parmi les joncs et les lauriers. Fidji se croit au paradis : elle se couche dans l'eau, boit sans arrêt, saute de roches plates en roches plates en humant toutes ces odeurs nouvelles.

Nous aussi pataugeons avec plaisir dans l'eau, on ne quitterait plus cet endroit....
Retour à Fask par la même « route », Hamed nous propose de nous mener à une source chaude sulfurée. Il est presque 17 h, nous décidons d'accepter (je ne connais pas, je suis enchantée d'une nouvelle découverte ) et de remettre à demain matin notre bain à Abahinou.

A la sortie de Fask, juste avant le panneau d'entrée, nous prenons une piste à gauche. Il faut vraiment connaître ! 4 km, une exploitation agricole que nous longeons, encore 2 km, un cimetière nomade sur notre gauche, encore 1 km, nous sommes au milieu de nulle-part, le soleil se couche, ce sont des moments tellement singuliers pour nous,vivant en milieu tempéré et tant habité !

                                              Merci Hamed de nous permettre cela.



Arrêt du camion et descente à pied dans un oued asséché où une sorte de grosse vanne noire d'un mètre de haut sort de terre et dessert une eau bien chaude (environ 40°). Nous nous douchons mains et pieds. La peau est douce. La nuit est maintenant tombée. Il est 18 h.

A la lumière des phares et aux explications d'Hamed, toujours par piste, ma camionnette nous conduit à merveille dans la palmeraie de Tighmert, sur la commune d'Asrir, chez Hamed. Nous nous installons près de sa maison, il nous propose les toilettes et l'eau.

Souper pâtes et omelette. 1ère sortie de la table de camping. 1ère installation de notre lit-canapé. Tout est parfait !
Annick et moi nous entendons à merveille, nous rions beaucoup, nous parlons sans arrêt, bref ! Nous sommes aussi heureuse l'une que l'autre de « notre » aventure !

Mercredi 7 novembre
Guelmime -Tan Tan Plage (El Ouatia)
220 km

Triste anniversaire, ma petite Maman, je pense à toi toute la journée...

Après le petit-déjeuner, Hamed et un ami Rachid, nous emmènent aux sources de l'oasis. Nous le longeons jusqu'au château d'eau, passage devant la mosquée, l'école, traversée du terrain de foot et piste pendant 7 km.
Voici ma camionnette garée sur la hauteur des sources comme il y a 4 ans mon scénic. Même photo !
Explications d'Hamed : la première source est captée et canalisée pour une commune de la palmeraie, les autres sources, après le petit barrage, donnent leur eau à tous les autres villages en coulant dans le lit naturel. On voit les ruines du 1er barrage fait par les Portugais il y a plusieurs siècles. Promenade dans cette verdure. Hamed nous ramasse des petites pierres carrées et noires dont la matière permet les transmissions radio : la galène.(fr.wikipedia.org/wiki/Galène )



Retour à l'oasis et remerciements à Hamed pour son guidage et son accueil.
















Guelmime pour acheter des bijoux : il y a ici une autre pierre spéciale, la pierre de Guelmime, qui servait de monnaie d'échange, et qu'Annick désire trouver. Nous en achetant chacune une pour mettre en collier (15 dh / gr), la mienne fait 4,2 gr.
Nous mangeons et partons pour Abahinou. Il n'y a que 4 femmes et 2 très jeunes enfants quand nous arrivons. La piscine est bien à 38 °. On ne peut s'y laver, on s'y trempe. Nage, un peu d'aquagym, papotage avec les femmes, nous nous y ramollissons !



15 h 50, nous avons déjà fait 50 km depuis ce matin quand nous quittons Guelmime par la N1.
A 4 km, 1er Barrage de police : nos passeports sont épluchés, notre destination demandée, tout est noté dans un beau cahier !







18 h 10, arrivée à Tan-Tan, 2ème barrage de police, mêmes formalités.
Nous nous garons et partons nous promener dans la rue la plus commerçante très animée.
Achat d'un paréo vert et rose pour moi, d'un miroir pour Annick et d'un tabouret-marche-pied pour le camion (10 dh, c'est pas cher, mais demain il craquera sous mon pied).
Repas de poisson grillé et soupe près de la gare routière.

20 h 30, Tan-Tan plage, dit El Ouatia. Camping de l'Atlantique(05 28 87 90 03 et 06 54 47 93 05) . Il n'y a personne, nous nous installons, on verra bien demain. Il n'y a pas d'eau dans les sanitaires...


Jeudi 8 novembre
El Ouatia
0 km

Journée cool.
Quelques gouttes d'eau perturbent notre petit-déjeuner, heureusement j'ai mon parapluie.
Promenade sur la plage, ordinateur (courriel, récit de voyage, photos), bain de mer et … douche chaude quand Mouloud, gardien du camping, nous ouvre l'eau.
Cela fait du bien de ne pas bouger.


Ce soir, poulet-frites en ville ! Il n'y a que des hommes partout, nous ne croiserons que 6 femmes de toute la soirée (Nous les avons comptées, car on nous avait dit qu'il n'y en avait pas !...). En hors-saison, c'est une ville-dortoir pour tous les ouvriers-pêcheurs de la région.


Vendredi 9 novembre
El Ouatia - Tarfaya
204 km

Nous commençons notre journée par un bon bain de mer. L'eau est vraiment bonne (23°, à mon avis... ?), les vagues nous massent, il n'y a personne sur cette belle plage.
Douches, petit-déjeuner, et départ à 11 h 50, je voulais partir à 10 h .


Nous commençons par le port, la gendarmerie royale prend nos passeports à l'entrée. C'est un des plus grands ports de sardines du Maroc. Les pêcheurs débarquent les poissons en se lançant les corbeilles pleines comme les couvreurs le font chez nous avec les tuiles ! Les sardines sont mises dans des caisses avec de la glace, puis les caisses chargées dans les camions, ceux qui roulent à toute heure sur la N1 ! D'autres pêcheurs préparent les filets en remplissant d'appâts des petits sacs fixés tout autour. Il y a beaucoup de bateaux, beaucoup d'hommes, beaucoup de camions.

















A la sortie du port, je remets 24 l de gasoil pour 200 dh au garage à côté du camping des 2 chameaux « chez Christine », une bretonne installée là depuis 2 ans. Nous visitons ses installations : il n'y a pas photos, ce sont des installations d'européens, tout est impeccable, fonctionnel et en état !

Vrai départ à 12 h 50 !
La N1 suit le bord de mer, c'est superbe. Nous sommes en plein désert de cailloux, pas une habitation, pas un arbre, mais un 3ème contrôle de police.
Tous les 10 km environ, nous passons une embouchure d'oued avec un pont, de l'eau en dessous (!) et une jolie plage de sable fin entre 2 falaises de sable fossilisée. Quelques fois 1 ou 2 camping-car y stationnent. Je pense qu'à notre retour, nous pourrions y faire une escale...

Une seule petite ville sur cette étape, Akhefnir, à 100 km de Tan-Tan. Nous nous y arrêtons à 14 h 20 pour un tajine, poisson grillé et thé . Il n'y a bien sûr que des hommes, les bouchers vendent leur viande à griller sur les barbe-cue, les taxis s'y arrêtent, un bus libère l'équipe de foot qu'il transporte pour un match qu'ils disputeront demain à Layoune : photo !




Arrêt suivant au Foum Agoutir. C'est une réserve naturelle sur cet oued qui forme un lac à son embouchure. http://ecotourisme-maroc.org/2013/01/lagune-khnifiss-naila-ornithologie/ Les tons de bleus, de jaunes, de verts sont superbes. Il y a une colonie de flamands roses, des petites barques, les nuages du ciel commencent à se teinter de rose... Contemplation...










Nouvel arrêt quelques km plus loin : des tas blancs ont allumé notre curiosité. Ce sont des marais salants.







Encore un arrêt, c'est trop beau : des dunes ocre de sable fin. Nous ne pouvons résister à l'envie d'y marcher et d'y grimper pieds nus.



Le désert plat de cailloux reprend jusqu'à Tarfaya où nous arrivons à 18 h 20. 5 h 30 pour faire 204 km, on prend son temps !
Tarfaya est sale, petit, mort et nous déçoit bien ! Espérons que le musée de Saint-Exupéry, demain, nous comblera. Il n'y a pas de camping ! Nous prenons une soupe dans un café en regardant les photos de la Thaïlande sur l'ordinateur pour occuper notre soirée puis nous irons dormir dans la camionnette sur le port pour être en sécurité.
Le camion fait des siennes au démarrage et cale 4 fois en plein milieu des rues et des carrefours sans vouloir redémarrer. Heureusement, il n'y a personne, on ne bloque pas la circulation !
Enfin, nous voici dans le port, garés le long de la capitainerie. Après 2 minutes, le téléphone arabe ayant fonctionné, la gendarmerie royale arrive pour un contrôle approfondi. Les gendarmes sont très gentils et font leur travail minutieusement, 20 minutes !

Fidji est très excitée par tous les chats qui miaulent ici. Elle se calmera quand nous serons toutes couchées dans le camion.

Samedi 10 novembre
Tarfaya - Laâyoune
104 km

Nous prenons notre petit-déjeuner dans un café sur « la » route principale de Tarfaya. Ici, ce sont des petites brouettes tirées par des petits ânes qui assurent le transport des marchandises des clients.


Coup de téléphone au Musée de Saint-Exupéry qui n'ouvre que sur rendez-vous le WE. Nous nous y rendons. Ce petit musée est dédiée à l'histoire de l'aérospatiale et de ces grands aviateurs-explorateurs qui ont ouvert les nouvelles voies aériennes. Saint-Exupéry dira de Mermoz « il a défriché les sables, les montagnes, la nuit et la mer. ». Des nombreuses citations lues, je retiens celle-ci « Il n'est qu'un luxe véritable, c'est celui des relations humaines »( Saint-Exupéry).



















Promenade sur la plage déserte et fouettée par le vent, nous sommes sur le Cap Juby, à l'écart de tout et à la merci du grand large. Au milieu de la baie, un fort, la Casamar, fut construit en 1886 par un écossais pour faire du commerce avec les îles espagnoles des Canaries, juste en face. Cette ruine flottant dans les vagues apporte un petit air de mystère à cet endroit étrange...

Après quelques soubresauts, le camion démarre et nous voilà partis pour Laâyoune.
A une trentaine de km, ,sur la gauche nous longeons une grande dépression blanche, ce sont des dépôts de sel. 15 km plus loin, c'est maintenant sur la droite, entre la route et la mer, une autre immense dépression occupée par des salines en exploitation. Nous nous en approchons par une piste puis continuons à pied. Fidji adore tous ces arrêts où elle peut courir à son gré et humer toutes ces odeurs inconnus. Cette étendue est une vraie palette de couleurs, tous les bleus, gris, verts et blancs s'y dégradent.

15 h, arrivée à Laâyoune. Contrôle de la Gendarmerie Royale. Contrôle de police. A chaque fois les mêmes questions : d'où venez-vous ? Où allez-vous ? Quelle est votre profession ? Passeports ? J'ai préparé des fiches de renseignements, ce qui permet de les donner toutes remplies et de gagner du temps.

 Laâyoune est la capitale du Sahara Occidental. Cette ville est très militarisée puisque revendiquée par le Polisario. L'ONU y est médiateur et ses 4x4 y sont omniprésents.
Comme nous avons décidé de montrer le moteur à un garagiste avant de poursuivre vers les sud, nous ne mettons que 100 dh de gasoil, mais comme ici il est détaxé, cela fait 16 l.
Nous mangeons sur la place D'Cheira, petit endroit très sympa, 2 tajines de poulet pour 40 dh.

Nous recherchons un garage et lui expliquons notre panne intermittente. Essais, discussion. Démarreur ? Non. Pompe à injection ? Peut-être. Pendant ce temps, le garagiste a démonté un « gros truc » de mon moteur qui traîne sur le trottoir...
Conclusion : demain, il démontera la pompe à injection, la testera, la remplacera si nécessaire. Nous partons sans mon « gros truc », je suis affolée, mais ce n'est pas grave, paraît-il, c'est le filtre à air, on peut rouler sans pour ce soir...
Nous nous garons en plein centre, sur la place D'Cheira, face aux jets d'eau.
Pour se laver la tête de tous ces soucis, et...le corps, nous partons au Hammam.
Au retour, comme il y a une bonne connexion internet, je fais mes courriels.


Dimanche 11 novembre
Laâyoune
50 km

11 novembre : Armistice, anniversaire du dépôt des armes. Ici, on dépose mon moteur !
Le garagiste est venu très gentillement nous chercher, petit-déjeuner ensemble, puis nous le suivons à son garage et le laissons travailler.
Découverte du quartier qui se réveille un dimanche matin : les femmes pendent leur lessive le long des murs de leur façade, des enfants d'un club de judo attendent leur professeur et sont très attirés par Fidji, un camion citerne livre l'eau désalanisée. Ici, les portes des maisons sont très en saillie et carrelées, un dromadaire est attaché à un pylône sur le trottoir...



Le garagiste a démonté la pompe qui est morte et est parti en chercher une autre. Nous avons tout le temps de préparer un vrai repas : entrée tomate-avocat, plat omelette oignons-tomates, fruite et thé gourmand.
Essai du camion dans les rues de Laâyoune, ça a l'air d'aller.

Nous nous promenons dans Laâyoune-bynight, la place du Méchouar, la mosquée Hassan II, le palais des congrès, les petites boutiques de bijoux. Il y a beaucoup de monde, c'est la sortie du soir pour les familles, les amis, les jeunes... L'ambiance est bon-enfant, c'est très sympa.

Vers 20 h, départ pour laâyoune-plage appelé Foum El Oued. 2 Contrôles de gendarmerie et police !
Le moteur fait un bruit de casserole, et l'accélérateur ne répond pas normalement...
Camping le Nil : 80 dh (électricté, WiFi compris)

Lundi 12 novembre
Laâyoune
22 km

Foum El Oued : cette station balnéaire est totalement déserte. Je fais une très longue promenade sur cette immense plage avec Fidji. Elle court comme une folle, on dirait un lévrier. Tout au bout, il y a un parking avec 4 camping-car. Je discute avec eux, ils sont basées à Tiznit !
Petit-déjeuner, lessive, toilette, vaisselle, et ...impossible de démarrer ! Je téléphone au garagiste, il vient nous dépanner et rapporte le camion à son garage.
Je suis très en colère, je lui dit que je veux que mon véhicule roule aussi bien qu'avant, et nous le laissons.



Nous partons visiter l'église catholique espagnole. Nous sonnons et le Père Valério Eko, un congolais parlant parfaitement le français, nous accueille et nous fait une visite approfondie de l'église et des bâtiments annexes. Histoires et anecdotes se succèdent tout au long du parcours. Pour terminer, coca et petits gâteaux. Je crois qu'il était très heureux de notre visite... il n'a pas beaucoup de clients!

















Retour à pied au garage.
Nous surplombons la ville et l'on voit les dunes alentour.


Nouvel essai concluant. Repas sur la place D'Cheira (2 soupes, 1 sandwich poulet 35 dh).
Plein de gasoil à 6 dh/l (détaxé), 315 dh pour 52,5l.

Retour à Foum El Oued pour la nuit, mais cette fois sur le parking des camping-cars où la gendarmerie nous accueille. Il y a déjà 6 camping-cars. (20 dh /nuit)


Mardi 13 novembre
Laâyoune- Boujdour
170 km

De nouveau grande promenade sur cette longue plage avec Fidji pour aller chercher le pain à l'autre extrémité.
Petit-déjeuner, toilette, remplissage des bouteilles et jerrycan d'eau.

10 h, départ. Nous passons devant le port de Laâyoune, et la route passe au dessus du plus long tapis roulant du monde. Il permet d'acheminer au port les phosphates des mines situées à 100 km.


Nous roulons, au fait, le camion marche à merveille, dans une immensité désertique. La N1 est étroite, mais nous croisons un véhicule par ¼ d'heure, ce n'est pas gênant ! Une steppe sableuse parsemée de petits épineux de moins de 50 cm s'étend à perte de vue. L'horizon est plat. Une ligne de poteaux électriques à gauche nous accompagne depuis Guelmime. A droite, l'océan, quelques fois visible.


 Après une quinzaine de km, nous prenons à droite une petite route qui nous conduit au village de pêcheurs de Tarouma. Arrêt. Promenade. Libération de Fidji. Photos. Respiration à pleins poumons de ce bon air marin.








Une quarantaine de km avant Boujdour, contrôle de gendarmerie.
A l'arrivée à Boujdour, nouveau contrôle.
Ici, tous les bâtiments sont peints en jaune. Repas dans un des nombreux restaurants de la route, puis marche le long de la N1, la rue principale qui traverse la ville jusqu'au phare. Sobre et haut il domine toute la ville et une grande place entourée de bancs. Il ressemble à nos phares bretons...



Nous prenons ensuite l'artère perpendiculaire qui descend à la mer et au camping. Elle est bordée de toutes les boutiques habituelles où nous faisons quelques achats.

Installation au camping (Camping Sahara Line Boujdour 06 77 222 961). Sanitaires impeccables : WC, lavabos, douches chaudes, espace vaisselle, lessive, pêche, nettoyage voiture, tout est propre et fonctionne. Branchement électrique. Nous en profitons pour faire de la lessive.

Promenade sur le bord de mer jusqu'au coucher de soleil. Ici, on ne peut se baigner car entre la bande de sable et la mer, ce sont des rochers plats moussus qui emprisonnent des trous d'eau. Les vagues viennent s'y fracasser. C'est joli, facile à marcher, mais impossible de se baigner. De nombreux jeunes pêchent à pied et rapportent des calamars.


Au retour, souper dehors avec des jeunes du camping, il fait très doux et une bougie sur la table apporte charme et sérénité.


Mercredi 14 novembre
Boujdour - Dakhla
350 km

Ce matin, nous prenons tout notre temps. Comme d'habitude, j'ai commencé ma journée par une très longue promenade avec Fidji sur la plage. Ça fait plaisir de la voir aussi contente de courir dans tous les sens, de patauger dans la mer, de sauter sur les rochers...
Petit-déjeuner et grand nettoyage du camion, des glacières, etc. Nous profitons pleinement de ces bonnes installations. Nous ne démarrons donc qu'à 11 h 45 !





A 18 km, nous tournons à droite sur une petite route qui surplombe une magnifique plage, la Plage Aouziouate.
Deux bateaux échoués habillent ce paysage et éveillent pensées et réflexions...



Nouveau contrôle d'identité. Je pense que c'est le 10 ème ! Heureusement que j'ai mes fiches !

Nous roulons dans un paysage de plus en plus désertique. Les buissons d'épineux se raréfient. Nous longeons toujours l'océan, mais la ligne de pylônes électriques nous a quittées à Boujdour. Plus rien n'arrête le regard hormis quelques antennes de téléphonie. Soudain des falaises animent cette platitude. C'est le résultat du travail d'érosion des oueds, et cela ressemble au paysage de Monument Valley.

A mi-route, km 170, 14 h 30, nous nous arrêtons à l'unique station service restaurant. 2 cars de l'armée ont déchargés leurs passagers et nous sommes les seules femmes au milieu de tous ces uniformes masculins. Tajine de mouton et poisson grillé, thé (70 dh) et après 1 heure de pause, nous repartons.



La côte que l'on aperçoit à droite est très belle. Arrêt à un village de pêcheurs. Les hommes réparent les barques. Quel courage il faut pour s'engager sur cet océan dans ces embarcations ! Nous sommes sur une falaise qui nous permet de porter très loin notre regard et l'on aperçoit encore au loin le cap de Boujdour.






Soudain, un troupeau de dromadaires nous barre la route. Chouette ! nous qui attendions cela depuis guelmime ! Photos.


..

Vers 17 h 30, embranchement à droite pour la péninsule de Dakhla.














 C 'est une longue bande de terre de 40 km qui est parallèle à la côte et emprisonne ainsi une lagune. La route descend et la vue est extraordinaire sur cette longue étendue, l'eau plate à gauche, le sable à droite et la route rectiligne au centre.
11 ème contrôle !
Au km 25 de cette péninsule, le « fameux » campement de camping-car qui restent là tout l'hiver. Ils vivent en autonomie avec leur réserve d'eau et leur groupe électrogène.
Nous continuons en faisant plusieurs arrêts-photos : nous avons conscience que nous arrivons au but de notre voyage et que nous sommes dans un paysage rare.

Nous passons devant le camping qu'on nous a recommandé, 6 km avant la ville, puis nous continuons jusqu'à Dakhla. Comme toute ville créée par les espagnols, c'est le soir qu'elle s'anime sans fin. Ici, des habitants de toutes origines du Maroc, et beaucoup aussi de Mauritanie. Souper et internet puis retour au camping à 22 h pour notre nuit. (Camping Moussafir de l'Hôtel Doumss 05 28 89 80 46/47/48).


Jeudi 15 novembre
Dakhla
88 km

Peu d'entrain ce matin... est-ce parce que nous sommes arrivées … ?



Je pars à pied avec Fidji reconnaître les alentours immédiats. Nous sommes en bordure de la lagune, le sable de la plage est blanc.







Aujourd'hui, je voudrais aller au bout de la péninsule. Nous garons la camionnette et nous promenons naïvement dans Dakhla à pied pensant y arriver. Impossible ! Il y a au moins 10 km ! Il fait lourd, les quartiers que nous traversons sont sales, mauvaise impression. Nous reprenons le véhicule et traversons les quartiers pauvres... nous traversons la presqu'île et retrouvons la côte Atlantique : enfin, c'est beau !
Jolie plage d'Oum Labour où les vagues viennent s'éclater, ce qui permet aux surfeurs de venir aussi s'y éclater ! Il y en a beaucoup.

 

Comme nous sommes dans un Parc National, il y a une petite forêt aménagée dans laquelle nous nous promenons, Forêt de Tawarta 3. Malheureusement, malgré les panneaux didactiques et les conseils de propreté, les détritus sont abandonnés près des tables de pique-nique....

Retour au camping.
Je vais me baigner dans la lagune : c'est un régal. Pas de vagues, l'eau est chaude et le fond est sableux et dur. Aucun danger, je nage longtemps et j'ai toujours pied.






Nous avons eu l'explication de la route à prendre pour accéder au bout de la péninsule. C'est juste en face du camping, puis nous longeons la côte atlantique. Le coucher de soleil est fabuleux. Quelle merveille ! Que la nature est belle !
Nous roulons jusqu'au bout, c'est un cul-de-sac sur un village de pêcheurs. Le bitume s'arrête net, je fais 3 m de trop et m'ensable ! Grâce à la corde qu’Édouard m'a mise en prévention (Merci!), un 4x4 nous remet sur la route.
Dakhla-by-night : souper poulet-frites, tisane-internet, shopping (petit foulard pour mes cheveux 20 dh).


Vendredi 16 novembre
Dakhla-Tropique du Cancer-Dakhla
210 km

Et bien non ! Nous ne nous arrêtons pas encore et poussons vers le sud. Nous voulons toucher le Tropique du Cancer !


1er arrêt au PK 25 pour aller voir de près ces fameux camping-caristes.



C'est vrai, qu'à part les camping-cars, ce lieu est très chouette ! Belle plage, jolies vues sur la lagune et Dakhla.

Nous retrouvons le contrôle de police et notre N1. Environ 25 km après El Argoub, voici « le » panneau du Tropique du Cancer : nous y sommes ! Nombreuses photos ! Ce sera le point le plus bas du Maroc où nous irons.









Nous venons de passer un panneau kilométrique qui annonce Dakar à 1400 km, petit regard de connivence, nous avons pensé la même chose en même temps : ce n'est pas si loin... nous avons bien fait 1100 km déjà depuis Tiznit et moi 2050 km depuis Tanger ! Ce serait une bonne idée de voyage pour l'année prochaine… à suivre...

Demi-tour, direction Nord ! Le Sud, c'est fini !



A une dizaine de kilomètres, nous prenons la petite piste vers l'océan, direction « Portorico ». Elle conduit à quelques palmiers, une tente, 2 militaires : c'est une plage privée du Roi, mais on peut s'y installer. L'adresse nous avait été donnée par un baroudeur en camion 4x4 que nous suivons depuis quelques jours et que nous retrouvons ici déjà installé.
C'est une succession de 4 plages encadrées par des falaises blanches (on se croirait à Douvres !) et interrompues par des blocs de rochers sur lesquels viennent s'éclater de très grosses vagues. Elles roulent avec violence sur la rive de sable très inclinée. J'essaie de m'y baigner, mais c'est totalement impossible : la mer m'emporterai.
Nous cuisinons dans le camion : légumes et riz avec filets de maquereaux. Quelle belle journée !







Retour à Dakhla. Hammam de luxe ! Gommage, les 2 femmes qui s'occupent de nous, nous dorlotent. Que c'est bon !
A la sortie, il pleut ! Et oui, il pleut quelques fois au désert, et c'est quand nous y sommes !

Pour terminer cette belle « journée de charme » : restaurant de luxe, le Samarkand. Dans un très bel environnement, face à la lagune, nous nous offrons soupe de poissons, langoustes et dessert (400 dh).


Samedi 17 novembre
Dakhla
km

Décollage du camping à 11 h 45 ! Si nous voulions le faire exprès, nous ne ferions pas mieux ! C'est notre heure !
Direction le bout de la péninsule. Nous revoilà au village de pêcheurs où nous nous sommes ensablées, Lassarga. Cette fois, je m'arrête à temps, tout près des taxis qui ici sont orange.
Les barques sont mises à l'eau avec des « pièges » à poulpe, sorte de bidon. Les pêcheurs vont les jeter au large puis reviennent à vide. Les barques sont remontées par les hommes ou par les tracteurs. D'autres barques reviennent chargées de poulpes qui sont entassées dans de gros sacs bleus, eux chargés dans des 4x4 (comme celui qui nous avait tirées). Tous ces hommes travaillent sans bruit, on peut prendre toutes les photos que l'on veut. Si ils sont notre attraction, nous sommes leur attraction !


Très peu de touristes viennent ici, pourtant c'est intéressant de voir ce travail.









Nous longeons toute la côte en marchant dans l'eau et passons ainsi de l'océan à la lagune. Je tenais Fidji en laisse, maintenant, je peux la lâcher et elle court comme une dératée après tous les oiseaux. Heureusement les flamants rose n'ont pas attiré son attention !
Je trouve enfin l'endroit où l'on m'avait dit qu'il y avait de gros coquillages. J'en ramasse un sac entier.


Retour au village. Pour préserver les espèces, la pêche n'est autorisée que quelques mois par an, le village est donc éphémère et fait de bric et de broc. Il y a quand même de petites épiceries, des bars, et face aux taxis, un petit restaurant. Nous y mangeons un copieux repas de poulet et légumes, suivis de pâtisserie et thé (50 dh).







Nous finissons cette « visite » par le lieu d'achat, de conditionnement et de départ des poulpes vers les pays d'Europe et le Japon.

 C'était vraiment très intéressant, et, très agréable cette promenade dans l'eau.



A Dakhla, visite de l'église espagnole catholique. Architecture épurée et presque contemporaine pour cet édifice construit dès la création de la ville par les espagnols dans une ville en plein désert.


photo ancienne, la lagune est au 1er plan.
 Thé, panini et internet dans notre café préféré face à la promenade au bord de la lagune !
Nous sommes samedi soir et tous les habitants sont de sortie.

Dimanche 18 novembre
Dakhla-Laâyoune
541 km


9 h ! départ ! Nous commençons notre remontée vers le Nord.


Pour partir tôt, nous avons décidé que nous déjeunerions sur la route. Après une centaine de km, une station essence ne nous inspire pas. Juste après, une piste conduit à un village de pêcheurs... pourquoi pas ? Nous y voici et à peine garées, des gendarmes arrivent : que faisons-nous ici ? Ils sont très étonnés quand nous leur disons que nous préférons déjeuner ici que dans une station-service ! Et nous avons bien fait car cette pause est copieuse et excellente, et dans un environnement typique.



14 h, 3ème contrôle de police en arrivant à Boujdour. Y en a marre ! D'autant que les gendarmes ne nous lâchent pas. J'ai quand même réussi, en douce, à prendre en photo leur poste. Ils veulent changer de la monnaie d'euros, qu'ils ont eu en bakchich, contre 200 dh. Je ne suis pas d'accord, je compte leurs pièces et accepte pour 180 dh, de toute façon, si non, je ne partirai jamais...





Pause-repas d'1 h à Boujdour. Comme d'hab, nous rigolons bien avec le restaurateur, et le petit marchand d'à côté qui veut nous vendre toutes ses horreurs de France !
Panneau de foot-ball : petit clin d'oeil à mon filleul Baptiste !
 
Nous retrouvons notre ligne de pylônes électriques qui longe la route, seule animation de ce désert sans fin.



Parfois les dunes qui flirtent avec la route ont tendance à l'envahir.


Gasoil avant Laâyoune et 5ème contrôle d'identité. Heureusement qu'on nous avait dit qu'au retour on ne se faisait plus arrêter !

4 km avant la ville, « Le petit futé » nous dit de prendre une piste à gauche pour aller dans un « océan de dunes ». Le soleil descend sur l'horizon et attise les couleurs. Les dunes rougeoient devant nous dans cette lumière rasante. Aveuglée, je sors de la piste et... m'ensable ! Nous sortons et courons grimper sur la première haute dune embrasée par les rayons du soleil couchant. Devant cette merveille toute simple, ce coucher de soleil quotidien, mes tracas me quittent, mes pensées se lavent, plus rien n'a d'importance, je touche le ciel...

Retour à la réalité du camion : une famille sahraouie est accourue avec des pelles pour nous venir en aide et nous tire de ce mauvais pas.





Il est 20 h quand nous arrivons à Laâyoune. Soupe puis installation pour la nuit sur le parking devant l'église espagnole catholique. Je n'ai pas réussi à joindre le Père Valério au téléphone et lui ai laissé un message. Annick se couche, moi, je vais sélectionner les photos pour le blog sur mon ordinateur branché au petit café extérieur, au centre du ravissant jardin public d'en face. C'est encore un lieu de quiétude comme il y en a tant, où se rassemblent le soir, les hommes, les femmes et leurs enfants, les vieux autour d'un verre de thé ou devant le match de foot à la télé. Dans cette ambiance que j'aime je refais mon voyage à travers mes photos.


Lundi 19 novembre
Laâyoune – El Ouatia (TanTan Plage)
301 km

Je suis réveillée par un texto du Père Valério qui sera à notre disposition dès 8 h.
Il est désolé de ne pas nous avoir eu hier soir. Il nous propose de faire nos toilettes et de déjeuner. C'est bien agréable de se doucher dans une salle de bain confortable à l'européenne !
Petit-déjeuner copieux avec fromage et charcuterie corse, mais surtout… discussions très intéressantes. Il est très cultivé. Son ami, Ali, le peintre qui a orné l'église, arrive et nos conversations dureront toute la matinée. Les sujets sont multiples et c'est très enrichissant de discuter avec des personnes d'autre culture.





En sortant de Laâyoune, on traverse un grand oued et l'on perçoit bien la situation perchée de cette ville qui domine le désert. Je ne comprends toujours pas pourquoi les oueds du Sahara occidental ont de l'eau alors que ceux du Souss et du Nord sont à sec...



1er arrêt, après 4 km de piste sur la gauche, au camping « le roi bédouin ». Installé le long d'un oued et d'une cascade, il surplombe la dépression avec les marais salants. Thé sous la tente. Annick et moi pensons la même chose : nous n'aimons pas trop ces endroits artificiels qui se veulent authentiques... nos préférences vont mille fois à notre village de pêcheurs d'hier...





Achat de pain et sardines pour pique-niquer quand nous aurons faim... Nous avons « crevé le budget » depuis 3 jours en prenant nos trois repas quotidiens à l'extérieur ! Nous continuons à rouler dans cette immensité, par moment les dunes flirtent avec la route, à d'autres moments, c'est la route qui surplombe presque l'océan.
Après Tarfaya, et après Akhfenir, les falaises dominent la mer. Partout des pêcheurs à la ligne. Voici le « trou du diable » où nous avions prévu de nous arrêter au retour. Ça tombe bien, il est 17 h, nous avons faim, nous allons pouvoir faire notre pique-nique du midi !
Le lieu est de toute beauté : les falaises sont majestueuses et veinées de rouge et d'ocre. Les vagues s'y éclatent avec une force surprenante. Dans ce fracas, l'immobilisme et le silence des pêcheurs paraît irréel.




Le Trou du Diable est un impressionnant gouffre de 30 mètres de diamètre et autant de profondeur dans lequel viennent mourir des vagues entrant par une galerie souterraine. Ce trou me donne le frisson et m'effraie...




La route est de plus en plus belle, c'est vraiment le tronçon que je préfère : toutes ces descentes dans les oueds qui ont formé de jolies plages encadrées de falaises...



Arrivée à El Aoutia et à « notre » camping de l'Atlantique où nous retrouvons « notre » Mouloud qui nous aide à nous installer. Cette fois, nous ne sommes plus seules, il y a 5 camping-car installés pour quelques temps... !
  

Mardi 20 novembre
El Ouatia (TanTan plage)
187 km

Grande promenade sur la plage et long bain de mer. Cette palge est vraiment magnifique et c'est ici que nous avons eu le meilleur temps : un bel été chez nous...


Un pêcheur arrive au camping proposer sa pêche. Nous choisissons un « Saint Pierre » que nous cuisinerons ce midi.

Après le petit déjeuner, nous voulons trouver 3 sites inscrits dans le guide : des grottes et des oasis. Il faut passer Tantan et s'engager sur la route de Guelmime, mais il n'y a aucune indication et nous parcourons beaucoup de kilomètres inutiles avant de trouver la route.

Plus loin, nous nous engageons sur une piste qui ne mène qu'à une sorte de carrière sans grand intérêt. Demi-tour. Plus loin, un panneau indique enfin un des noms du guide. Après 30 km de route dans un paysage de collines et de monts totalement désertiques, la route s'arrête. Demi-tour. À 15 km une stèle indique, en arabe, un lieu qui pourrait être celui que nous cherchons... 2 km de piste et des touches vertes tranchent sur les ocres qui nous entourent depuis une heure. Nous y sommes !

Cet oasis, la majesté des quelques palmiers, cette verdure, ces belles roches plates, ce clapotis de l'eau, tout est empreint de sérénité et invite au repos après les étendues immenses, désertes, sèches, hostiles que nous avons traversées. Ce lieu appelle à la méditation. J'y sens une similitude avec le cours de la vie : les bons moments de rencontres et de partage égaient nos routines, nos lassitudes, nos difficultés. Il faut les vivre intensément, c'est cela le bonheur.



Un peu de cuisine et nous dégustons notre poisson dans ce cadre idyllique. Je vais errer dans l'oasis à la recherche de l'eau que j'entends. La voici, et il y a même des gueltas, piscines naturelles emprisonnées dans les pierres. Bien sûr, je m'y baigne, des petits poissons viennent me picoter.

La route du retour se passe à l'heure du coucher de soleil. Nous n'avons vu aucune voiture ni vie humaine depuis le départ de TanTan.

Retour au camping. Je travaille sur les photos quand Annick me dit que nous sommes invitées à manger le tajine avec Mouloud et Sofiane, ceux qui gèrent le camping. Il y a deux amis avec eux. Annick et moi restons assises avant, pendant et après le repas : ce sont les 4 hommes qui font tout ! Décidément, le Maroc a vraiment de bons côtés !


Mercredi 21 novembre
El Ouatia (TanTan plage)
0 km

Journée repos ! C'est vrai que depuis le départ, je suis en vacances mais pas au repos !!!


Promenade sur la plage avec Fidji vers le sud jusqu'au port. Sur environ 2 km, je marche sur le sable mouillé et Fidji court comme une folle sur les milliers de mouettes qui pensaient être au calme !


















Les Trois Fidji !

Sur le retour, je cherche, fourchette à la main, comme conseillé par les camping-caristes voisins, des oursins dans les creux de rochers. Mais la mer n'est pas assez reculée. Enfin, j'en trouve un que je rapporte victorieusement au camping pour le partager et le déguster avec Annick.

Après-midi, bain de délice : mer chaude, vagues massantes, pas de courant, le rêve !

Travail d'écriture du blog et de sélection de photos.


Ce soir, c'est nous qui invitons Mouloud et Sofiane : je dis « inviter », nous avons rapporté les ingrédients, mais... nous n'avons rien fait d'autre que déguster leur cuisine !


Jeudi 22 novembre
El Ouatia (TanTan plage) - Amtoudi
290 km

Dernier plein de gasoil détaxé à TanTan que nous traversons une dernière fois.


Nous roulons toujours dans de superbes paysages désertiques jusqu'à l'approche de Guelmime. Ici, des champs labourés attendent les semailles, les premiers arbres apparaissent et rompent les paysages ocres et rouges des collines et des montagnes au loin. Quelques maisons. Un homme de temps en temps. Nous retrouvons la civilisation et la vie.

Traversée de Guelmime.
















Arrêt, 8 km avant Bouizakarme pour un tajine de chèvre et viande hachée à Tagant, qui veut dire en Berbère « nulle-part » !


Nous quittons la N1 pour la N12 vers Tata sur 37 km pour prendre à gauche la route qui monte vers Amtoudi. Elle traverse le charmant village de Taghjicht sur un oued au milieu d'une belle palmeraie. Nous ne pouvons nous empêcher de nous y promener et d'y faire quelques belles photos. C'est « l'heure exquise » (comme l'appelle Annick ) où hommes, femmes et enfants sortent et s'assoient pour parler.














La lumière diminue lorsque nous arrivons à Amtoudi.

C'est la 4ème fois que j'y vais, je ne veux pas aller à l'auberge « on dirait le sud » comme d'habitude, mais essayer le camping qui s'appelle « camping Amtoudi Id Aïssa ». C'est impeccable, ce sont les plus beaux sanitaires que je vois : propre, papier toilette, savon-liquide pour les mains, poubelle, douches chaudes. (06 72 05 09 68)

Vendredi 23 novembre
Amtoudi - Sidi Ifni
165 km

Je discute avec deux couples de camping-caristes du Gers. L'un d'eux est habitué du lieu et voulait le montrer à leurs amis. Ils sont 6 mois par an dans la maison de leur fille à Sidi Ifni.
Ils ne connaissent pas les grottes de pêcheurs d'Aglou, je leur propose de les y emmener avec Annick début décembre.


Ce matin, moi aussi, je veux faire découvrir à Annick ce majestueux agadir d'Id Aïssa. J'ai demandé le gardien. Il nous rejoint directement sur le chemin muletier en lacet qui escalade le pic rocheux sur lequel les hommes ont construit il y a plus de 8 siècles ce grenier collectif.







Devant cette merveille, mes pensées montent en même temps que mon corps : je sens ici la grandeur de l'Homme et de ses œuvres terrestres qui approche humblement la grandeur de Dieu et de son œuvre Nature....




http://www.mondeberbere.com/civilisation/agadir/agadir-fr.htm

Pour la 3ème fois, je visite ce lieu extraordinaire : murailles continuant la roche naturelle, tours de guet, cellules pour 74 familles lors des guérillas entre tribus rivales, mortier à poudre à fusil, greniers, ruches, citernes d'eau avec système de filtration... et le petit musée qui rassemblent des objets anciens usuels. Je ne me lasse pas de cet endroit rempli d'histoire d'où sort une certaine émotion, et Annick est ravie de cette visite.

depuis l'agadir, vue sur la vallée

les ruches

une rue de l'agadir
Une entrée de cellule familiale



tour de guet


les toits des cellules familiales

le musée : les actes notariés et les versets du Coran

dans le musée







Nous redescendons par l'autre côté, vers le vieux village et allons boire un thé chez Georges à son auberge « on dirait le Sud ». 05 28 21 85 69 ou 06 72 50 57 15


Retour au camping à pied par l'oasis, entre les palmiers toutes les petites parcelles sont cultivées. Rangements, pique-nique, et départ pour l'autre côté de l'oasis, le plus loin que la route le permet.

Nous voici parties pour une bonne promenade à pied vers les sources. Nous marchons tantôt dans l'oasis, le long des rigoles, où Fidji peut se désaltérer, tantôt dans l'oued (il est à sec!).


 Il y a des passages d'escalade des gros rochers, cette randonnée aussi je l'ai déjà faite plusieurs fois avec mes amis et Édouard, mais je ne m'en lasse pas non plus. Les gorges se rétrécissent entre les hautes parois rocheuses. L'eau du ruisseau est emprisonné par endroit dans des piscines naturelles appelées gueltas et descend par de petites cascades.


 Je voulais m'y baigner, comme les fois précédentes, mais il est 16 h 30, et à cette époque de l'année, le soleil est déjà trop bas pour éclairer le fond des gorges. Nous marchons depuis 1 h 30, nous voudrions aller jusqu'au bout de ce couloir, mais il faut être raisonnables et faire demi-tour dans le cirque que j'avais appelé en 2008 « le Paradis terrestre » : palmiers, lauriers roses, arganiers s'épanouissent entre les rochers et les gueltas, encerclés par les falaises sous un ciel bleu profond qui se reflète dans l'eau.

 Au retour, nous sommes accompagnées par 2 jeunes mamans portant leur enfant sur le dos, leur sœur et leur mère. Elles sont arrivées soudainement ! Nous papotons par geste (!) et rions beaucoup. Nous les quittons dans l'oasis.
Je suis contente d'avoir pu montrer ce paradis à Annick qui l'apprécie autant que moi.



Nous revoilà en camion pour rejoindre Sidi Ifni à 165 km. Le début de la route se fait avec la lumière crépusculaire et les paysages sont magnifiques, le ciel flamboie sur les montagnes qui barrent l'horizon. L'immensité qui nous entoure me paraît encore plus grande dans la pénombre...

Arrivée à Sidi Ifni chez Danièle vers 21 h. Nous partons souper des tagines au marché de poissons. Comme il y a 19 jours je dors dans le salon marocain.


Samedi 24 novembre
Sidi Ifni ...panne (!) - Guelmime
30 km

Grasse matinée, douche, petit-déjeuner, échange de photos, récit du voyage et projets à venir... tout se bouscule !
Repas à 14 h (on ne change pas les habitudes!) dans un petit restaurant.






Petit tour dans la ville pour capturer quelques clichés





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Bain de mer sur la magnifique plage d'Ifni : j'aime me battre avec les grosses vagues qui me bousculent et me massent.




Après mûres réflexion, je voudrais aller dans le désert de M'Hamid, au sud de Zagora. Je décide donc de partir tout de suite pour dormir à Taghjicht, ce si joli petit village d'avant-hier.

Je prends la N12 jusque Mesti puis à gauche, la P 1903, petite route au milieu des collines. Soudain, la lumière du radiateur s'allume. Je stoppe aussitôt, descends et avec stupeur vois l'eau qui coule en abondance en dessous du moteur, quelle M.... !
Un goût de déjà vu : Je téléphone à l'assistance (01 41 85 84 83) : le réceptionniste est charmant, voix calme, clair, précis, il fait tomber le stress, m'ouvre un dossier (212V2022), je lui indique ma situation exacte (merci GPS!) et il me dit qu'il appelle une dépanneuse puis me rappellera. La dépanneuse doit venir d'Agadir, car celle de Tiznit, plus proche, ne pourra porter mon véhicule trop lourd.
L'attente est longue, 18 h à 22 h... Il fait très doux, le ciel est étoilé et la lune presque pleine. Je fais manger Fidji, me fais un thé et mange pain, huile, olives et fromage à la lueur d'une bougie. Je mets à jour mon récit de voyage sur mon ordinateur jusqu'à épuisement de la batterie. Édouard m'appelle à ce moment, exactement comme le 20 octobre à ma panne avec Francis Duhameeuw et me raconte les petites nouvelles de Cysoing. Je ne lui dis rien ce soir pour ne pas l'inquiéter inutilement, je lui raconterai demain... Pendant tout ce temps, uniquement 2 voitures sont passées et se sont arrêtées pour m'aider, mais il n'y a rien d'autre à faire que d'attendre, Merci quand même.
Régulièrement, l'assistance m'appelle de Casablanca.
La dépanneuse arrive, m'embarque avec ma camionnette, et me conduit à l'Hôtel Adil Moussafir, à l'entrée de Guelmime. C'est amusant, le garagiste dans la dépanneuse d'Agadir est de Tiznit, c'est le frère de mon ami garagiste-chasseur, Aissem. Il a appelé pour moi un garagiste de Guelmime qui viendra réparer le véhicule demain, dimanche (!) encore une fois, comme à Laâyoune.

Je n'ai plus qu'à dormir dans un bon lit bercée par les actualités à la télévision sur France 24, présentées par Pierrick Leurent, décidément, je suis « connectée » avec le Nord !


Dimanche 25 novembre
Guelmime
0 km

Grasse matinée dans cet hôtel luxueux, petit-déjeuner et arrivée du Garagiste qui « ausculte » le moteur et après avoir remis de l'eau emporte le camion à son garage.
Je reste à l'hôtel et me connecte toute la journée pour « travailler » sur le blog. Je peux enfin aussi lire tous mes courriels et y répondre.
Coups de téléphone réguliers du garagiste pour me tenir au courant, appel d'Annick et du garagiste frère d'Aissem.
A la fin de la journée, la panne a l'air réparé... nous verrons demain...
2 ème nuit à l'hôtel.
Je suis presque à jour de mon blog.
Il ne reste plus que le bilan financier de ces 23 jours.


Lundi 26 novembre
Guelmime... panne ! - Tiznit
110 km


Après le copieux petit-déjeuner sarahoui de l'hôtel, je me mets en route. La tempête de sable qui obscurcissait Guelmime hier s'est calmé. Je remonte la N1 en direction de Bouizakarne et m'arrête pour faire le plein à Tagant où nous avions mangé jeudi. Impossible de redémarrer. Le voyant du radiateur s'allume. J'ouvre le capot : plus d'eau dans le vase d'expansion ! On pousse le véhicule sur le côté et j'appelle le garagiste de Guelmime. Il vient, démonte tout, le radiateur est percé, il doit l'emporter à Guelmime pour le faire ressouder. Tout cela il le fait avec les transports en commun et nous sommes à 30 km de Guelmime !

J'ai sorti mon fauteuil de camping et mon livre. C'est « La sérénité » de Pierre Talec ( Centurion – 1993). Ça ne peut pas être plus à propos ! J'y retiens deux phrases qui m'ont souvent interpellée, mais qui aujourd'hui, à cet instant, prennent toute leur vérité : « ... ouvrir nos cœurs à autre chose que ce à quoi nous voudrions nous attendre dans l'immédiat » ! voici bien ce qui est en train de m'arriver ! Je suis là, toute une journée, assise à lire et à philosopher à 3500 km de chez moi, otage de mon moteur, alors que je voulais me ressourcer au désert... Et puis, lorsque, malgré la réparation, la camionnette ne démarre pas et que l'assistance m'envoie de nouveau la dépanneuse, je décide d'annuler le désert et de rentrer à Tiznit :
« ...le renoncement volontaire à des choses bonnes, afin qu'autre chose puisse naître. »

C'est donc sereine que je me laisse conduire à Tiznit où l'on dépose le camion chez mon garagiste Aissem, et moi, à Tadouarte. J'y retrouve ma maison et Hassan. Mon aventure vers Dakhla est terminée. Mon véhicule a quand même bien rempli sa mission et je suis enchantée de mon périple et de toutes ses richesses vécues. J'attendrai patiemment ma prochaine aventure. La lune est pleine et illumine ma cour, mon jardin, ma terrasse de toute sa bonté... Je suis bien...

Bilan du  voyage 

Bilan général : Innombrables rencontres humaines et échanges passionnants.
                      Merveilleuse naissance d'amitié entre Annick et moi



Départ de Tiznit le 3 novembre au km 157 809
Retour Tiznit le 26 novembre au km 161 380
Total parcouru : 3571 km

Nombre de litre de Gasoil : 397 litres
Consommation : 11,11 litres /100
Dépense en Gasoil : 2810 Dh (environ 255 €) (dernier plein pris hors cagnotte)

Dépense hébergement pour 2 personnes : 855 Dh (78 €)

Total cagnotte commune pour 2 personnes : 5600 Dh ( environ 500 €)
Dépenses diverses : repas, hammam, visites et guides, dons...: 2435 Dh (environ 221 €)